Les lavandières
- Communément appelées laveuses, elles envahissent les bords de Vienne, rive droite et rive gauche, pour rincer leur linge. Elles n’ont pas l’eau courante chez elle jusqu’aux années 1870, et l’eau de la rivière est gratuite.
- Elles chargent le linge sur la brouette, emmènent la cassette et le battoir et les voilà parties. Elles choisissent un endroit où s’installer, eau claire, assez profonde, grosses pierres pour caler la cassette. Elles s’agenouillent alors, face à la Vienne, souvent les pieds dans l’eau et rincent leur lessive, morceau après morceau, essorent à la main et frappent avec le battoir pour faire sortir le reste de « lessis ».
- Quel vacarme surtout lorsqu’elles sont plusieurs ! Aux frappes du battoir s’ajoutent les échanges verbaux, les langues vont bon train.
- Il leur est interdit d’étendre au bord de l’eau, elles empilent le tout sur la brouette pour le retour à la maison.
- Dans toute l’Europe, le Moyen-âge a été une civilisation du cuir. On se déplaçait à cheval et les harnais, les baudriers, toutes les courroies, les selles, étaient en cuir. Il servait aussi à la confection des semelles de chaussures à celle des bottes, des bottines. Les fourreaux des armes étaient en cuir. En France, le Poitou était réputé pour ses cuirs. établit Au XIIIe siècle, l’industrie de chamoiserie se développe à Niort elle sera florissante au XVIIIe siècle. A Poitiers La halle aux tanneurs est signalée en 1555.
- Les bouchers vendent alors aux tanneurs les peaux des bêtes qu’ils tuent. D’après le dictionnaire de Furetière, tanner c’est « mettre les cuirs dans le tan pour en faire tomber le poil ». Les tanneurs s’installent près des rivières et transforment les peaux en cuir en utilisant le tan, fabriqué à partir de l’écorce de chêne, qui arrivait par bateaux. La Vienne comptait 12 moulins à tan.
- A Châtellerault, rive droite, le quartier des Tanneries des Batardeaux s’étendait de « la pompe à feu » au pont Camille De Hogues. L’actuelle rue de l’Angelarde s’appelait rue des Tanneurs dans cette partie. Des tanneries existaient également rive gauche, juste en aval du pont Henri IV. Mais les tanneries, appartenant à la 2e classe d’industries insalubres, suite à des plaintes de riverains, en 1865, la municipalité prend un arrêté « supprimant les tanneries situées entre le barrage et la rue du Batardeau ».
Les marchandises
- Quand la batellerie était florissante, les chalands transportaient à la descente du blé, de l’avoine, du seigle, du méteil, céréales récoltées dans la campagne environnante et conditionnées dans des balles. Depuis le XVIIe siècle les vins du Poitou sont exportés vers Orléans et Paris. Au XVIIIe siècle, la capitale devient une grosse consommatrice d’eaux-de-vie et absorbe les ¾ de la production régionale et de celle des Charentes. Les pipes et les busses, les tierçons, les quarterons servent au transport. En troisième lieu les chalands voiturent des pierres meulières extraites de la grande Moulière, des pierres de Chauvigny, des merrains (bois de construction), de la charrée (cendres), des toiles de Châtellerault et la laine d’Espagne qui transite par chez nous. Ajoutez à cela les pruneaux, les pois, l’huile de noix…
- A la remonte, du fer, de l’acier, de la fonte, des meules à aiguiser passant par Orléans, des marmites et des chaudières arrivent dans nos ports. La couperose (sulfate de fer, cuivre ou zinc), le plomb, l’étain viennent d’Angleterre. Le charbon du Massif-central alimente la manufacture au XIXe siècle. La bière, la moutarde et le vinaigre d’Orléans sont débarqués sur nos quais ainsi que la résine qui sert à l’éclairage. Le fromage, le poivre, les denrées coloniales complètent les cargaisons. N’oublions pas le sel de la baie de Bourgneuf, chargé à Nantes, les sardines, la morue et les harengs, pêchés dans l’Atlantique, les ardoises de l’Anjou.
- Sur les quais, toutes ces denrées, mêlant leurs odeurs, attendent l’embarquement ou la réception.
Lire la suite