Les registres paroissiaux sont une source documentaire de première importance pour qui veut retracer la vie d’une paroisse. Même quand leurs rédacteurs n’y ont pas consigné, outre les actes réglementaires : baptêmes, mariages et décès, des renseignements concernant les naissances extraordinaires, les causes de décès, les épidémies, leurs réflexions sur les conditions climatiques, les récoltes, ou bien d’ordre politique ou personnel.
À Targé les curés qui se sont succédé ont respecté rigoureusement les consignes épiscopales.
L’histoire d’une paroisse ou d’un village peut s’aborder de deux façons : recueillir, ordonner et commenter les faits historiques et les anecdotes. C’est le propre des histoires locales traditionnelles. Ou bien recueillir et interpréter des chiffres pour en faire une histoire quantitative.
Le dépouillement des registres paroissiaux et d’état civil depuis 1670 jusqu’en 1899, car ils n’étaient pas consultables après cette date, m’a permis de faire une étude démographique de la paroisse sur près de deux siècles et demi.
Cette paroisse essentiellement rurale n’a que très peu évolué au cours des siècles. La population est restée stable au cours des siècles. De 300 habitants répartis dans 86 feux au xviie siècle, on n’en dénombrera que 301 au recensement de 1901. Contrairement à une idée généralement admise, Targé compte peu de familles nombreuses.
La découverte d’un rôle de taille tarifée de l’année 1746, va permettre d’évaluer le degré de richesse de nos paroissiens du xviiie siècle, d’avoir 4 instantanés sur la structure socioprofessionnelle, de connaître l’importance et la composition des exploitations ainsi que le type de culture et d’élevage pratiqué.
La propriété individuelle se multiplie lors de la vente des biens nationaux. Des professions nouvelles apparaissent après l’implantation de la Manufacture d’Armes de Châtellerault. Le milieu socioprofessionnel se diversifie au xixe siècle.
Malgré les petits nombres qui parfois peuvent mettre en doute l’approche statistique, ces chiffres rendent cependant possible une vision de la vie des Targéens et des Targéennes aux temps modernes.
La suite de l’article : Jack Pichon, Targè 1670-1899, deux siècles et demi d’histoire démographique