Le samedi 26 novembre, la salle de la Grange de Targé accueillait soixantaine-dix personnes environ venues faire plus ample connaissance avec Clément Krebs. Les recherches du conférencier, historien, Alain Houisse, membre du CCHA ont permis de mettre en lumière ce personnage châtelleraudais.
Clément Krebs, est connu de tous…une rue, une place, une école portent son nom sur la rive gauche de la Vienne, à Châteauneuf. Mais c’est surtout du personnage politique et du socialisme municipal dont va nous parler Alain Houisse.
Après les présentations du conférencier successivement par Claudine Pauly, Présidente et Marie-Claude Albert en charge des conférences au sein de l’Association, Alain Houisse prend la parole.
Clément Krebs est issu d’une famille de migrants alsaciens. Comme beaucoup d’autres, les Krebs doivent quitter leur pays pour venir à Châtellerault, la manufacture d’armes du Kligenthal où ils travaillent étant sur le point de fermer. Jacques Krebs, le grand-père de Clément, arrive avec femme et enfants dans les années 1830/1835 et sont logés sur le site de la manufacture dans le bâtiment réservé aux ouvriers travaillant dans les ateliers des armes blanches. Puis les garçons grandissent, vont travailler à la « manu » et se marient…
Clément naît en 1850 en notre ville. Plus tard, la famille Krebs s’installe rue Saint Marc, l’actuelle rue Clément Krebs.
En 1864, à 14 ans, Clément devient armurier lui aussi, comme les hommes de la famille. Il est plus précisément « monteur de sabre », très compétent et fait preuve d’une grande technicité.
Mais Clément Krebs est aussi une personnalité politique châtelleraudaise qui consacre une partie de sa vie à l’action publique au sein du conseil municipal, incarnant un socialisme réformiste, non marxiste.
Elu municipal engagé, largement choisi par les électeurs de Châteauneuf où il vit, il reste vingt-deux ans dans la fonction et devient adjoint au maire les quatre dernières années de sa vie. La tâche est rude… car mettre ses idées sociales en pratique dans une cité industrialisée, oui, mais il faut compter avec les milieux ruraux proches, opposés à ses idées et qui créent de sérieuses complications. Krebs ne se fait pas toujours entendre. Les grosses commandes d’armes passées, un malaise apparaît dans le milieu ouvrier, des difficultés économiques surgissent en même temps que des problèmes financiers à la mairie, dues au mode de gestion. Clément Krebs prend vite conscience de la dégradation de la vie ouvrière et se bat, au nom de ses idées, pour améliorer le sort des plus démunis de ses concitoyens. Son action est permanente.
Sa vie syndicale, aussi, est active au sein du parti, il est sur tous les fronts.
L’ouverture de la Bourse du Travail en 1911, rassure un peu Clément Krebs qui voit dans cette initiative le moyen de prendre en compte le sort des ouvriers sans travail et la possibilité pour eux de se faire entendre par la voix syndicale.
Toujours soucieux du bien-être de ses concitoyens, il soulève même des sujets très actuels… il pense, par exemple, que les produits déversés par la « manu » dans la rivière peuvent provoquer des nuisances, surtout à proximité du lavoir et cherche une solution. Dans un tout autre ordre d’idée, il s’oppose vivement à une éventuelle privatisation de la « manu »…Ce ne sont là que deux petits exemples….
Clément Krebs est hospitalisé et décède quelques mois plus tard en 1914. Ses obsèques ont lieu le 6 mai à Châtellerault où une foule considérable, évaluée à plusieurs centaines de personnes, accompagne son cercueil dans la plus grande dignité jusqu’à sa tombe au cimetière de Châteauneuf.
Suite à la conférence, quelques questions sont posées par le public, un dialogue s’instaure avec le conférencier et c’est sur ces échanges que prend fin l’après-midi consacré à Clément Krebs.